Depuis un an, je photographie presque exclusivement avec le Fuji X-E2. Même pendant mes escapades d’un week-end ou pour des voyages plus longs, comme ce fut le cas cet été à Naples, il est devenu mon principal appareil. Dans ces situations, le 17–55 est l’objectif parfait. Cependant, assez vite, j’ai complété cet équipement avec une focale fixe : le 35mm f/1.4 (équivalent 50mm en plein format). Il me semblait que c’était le choix parfait, en complément du 23mm (équivalent 35mm) de mon X100. Les grandes qualités de cet objectif, vantées par de nombreux sites, se sont révélées exactes. Les images qu’il produit sont superbes. Mais c’est surtout son encombrement et son poids au regard de l’ouverture qu’il offre qui m’ont convaincu que c’était l’objectif qu’il me fallait pour aller traîner dans les rues.
Le X-E2 s’est révélé bien plus abouti que le X100 tout en offrant un encombrement maitrisé : un autofocus efficace, une mise au point manuelle réellement utilisable et une ergonomie cohérente. Il m’a fait assez vite oublier mon X100. À un détail près. Le 50mm n’est pas ma focale. J’ai insisté (un an) et rien n’y fait. Je ne trouve pas mes marques. Lorsque je mets le viseur a l’œil, je me rends compte trop souvent que je suis trop près de mon sujet. Pour la photo de rue c’est rédhibitoire : pas le temps de reculer, l’occasion est manquée. Il me semble que je n’arrive jamais à inclure tout ce que je voudrais dans le cadre et si je recule l’image me semble plate. Après deux ans de photographie au X100, j’ai soudainement eu l’impression d’utiliser un téléobjectif en passant au 50mm.
J’ai ressorti le X100 ces deux derniers weekends dans les rues de Paris. Je crois que la sortie imminente du X100T et surtout la prise en main que j’en ai faite au salon de la photo, n’y sont pas étrangères. J’ai voulu sentir à nouveau la sensation de plaisir que m’a procuré le X100 pendant de longs mois. Évidemment, les défauts m’ont sauté au visage dès les premiers clichés : la lenteur de l’autofocus, le temps escargotesque de l’enregistrement des RAW sur la carte mémoire sans compter sur la mise au point aléatoire en viseur optique (quoique pour ce point je pense que c’est dû à mon manque de maîtrise de l’effet parallaxe). Mais tout cela mis à part, quel pied ! Je revis, je retrouve la vue. J’ai déjà dit combien j’aime le Fuji X100, je lui ai fait quelques infidélités, mais tel le fils prodigue, je reviens et il me donne encore le plaisir dont chaque photographe peut rêver : tout simplement l’impression d’avoir l’outil idéal, celui qui vous permet d’atteindre vos rêves de photographie.
Avec le X100, les cadrages me paraissent enfin naturels. Bref, j’aime le 35mm et je crois qu’il y a plusieurs raisons à cela :
- le 35mm offre une vision moins étriquée. En ouvrant le champ, il donne plus d’espace et de respiration à l’image.
- La composition est forcément influencée par cette ouverture de champ. Tout naturellement, le 35mm incite à inclure autre chose que le sujet principal dans le cadre donnant des images plus riches.
- Avec le 35mm, l’engagement du photographe dans la scène semble plus fort. Cela peut paraître paradoxal, car à priori, le sujet devrait sembler prendre moins de place dans le cadre. En réalité, c’est le contraire, car le 35mm demande au photographe de s’approcher de son sujet. Et ça se voit. Le léger effet de distorsion que cela entraîne apporte également sa contribution à ce sentiment d’engagement.
- On dit pourtant que le 50mm est la focale qui se rapproche le plus de la vision humaine. À moins que le port de lunettes fausse ma perception, je vois la vie en 35mm.
J’ose imaginer une Fuji X100 qui aurait les qualités de X-E2. Je crois que cet appareil existe, mais ça, c’est une autre histoire.
18 réponses sur « Sur mon 35 »
Très bon article.
A l’inverse de toi, j’aime beaucoup le 35mm mais le 50mm me correspond plus.
Merci pour le lien. 😉
C’est donc bien une question très personnelle, la façon dont on voit ce qui nous entoure 😉
Je ne peux que partager ton avis ! J’aime que le sujet photographié soit replacé dans son élément et pour cela le 35mm est LA focale. Comme toi je trouve les images plus dynamique avec le 35mm et cela force également le photographe à rentrer dans l’action pour ne pas avoir une image avec trop de vide. C’est une excellente école pour ça !!!
Oui, une bonne école mais qui nécessite pas mal de temps d’apprentissage. Mais on a rien sans effort…
Excellent article !!! j’aime beaucoup l’idée que tu te fait du 35mm
J’ai moi meme un X100s et un X-Pro1
J’adore le X100s pour son 35mm mais pour de la streetphoto j’aime bien changer de boitier (j’alterne entre les 2 Fuji + un boitier Argentique CONTAX TVS)
Avec les X-PRO1, j’ai un Helios 58mm F2 que j’aime beaucoup et j’ai aussi un 200mm f3.5 revuenon qui me permet dans certain cas d’etre plus à l’aise (oui je sais les vrai puriste me diront « SACRILEGE il utilise des focale de plus de 60mm pour faire la StreetPhoto » !!!) mais je m’en fiche, le resultat me plait 😉
Sinon à l’inverse j’ai un Voigtlander 15mm f4.5 (j’attends toujours la bague d’adaptation donc j ne peux pas faire de retoure sur cette optique pour le moment)
A tres bientot !!!
Tecky
Merci pour ton passage.
Bien heureusement, il n’y a pas de règle établie pour la photo de rue. Toutes les focales ont leur place pour des rendus variés.
Tout comme toi je suis tombé amoureux de mon fuji (un X-E1) malgré quelques défauts (l’AF me fatigue un peu) les images sont vraiment excellentes ! Je n’ai pas encore tranché entre 35 f1.4 ou le 23 f1.4 … J’ai l’habitude de l’équivalence 50mm mais quelque part j’ai envie de bousculer mes habitudes en élargissant un peu mon angle de vision d’où l’idée de l’équivalent 35mm … Quand j’aurai les finances la question se posera plus sérieusement pour l’instant le 18-55 rempli très bien son rôle d’objectif à tout faire de bonne qualité.
C’est vrai que le X-E1 a pas mal hérité du X100, donc réactivité moyenne. Tout a changé à partir des X-E2 et X100S.
Bonne chance pour le choix de focale. En tout cas je peux te dire que le 35 f/1.4 est vraiment très bon. Si tu aimes le 50mm, tu ne seras pas déçu.
Hey c’est copyright la phrase « je vois la vie en 35mm » ;-P
Blague à part, article très agréable à lire et je suis en plus d’accord, alors tout va bien ^^ Comme toi j’aime le 35mm (l’équivalent en FF, donc le 23mm de mon X100s), d’ailleurs j’aimerai en trouver un pour mon Canon AE-1 !
Le 23mm du X100s est vraiment top pour la photo de rue et de reportage, entièrement d’accord !
Je me suis fait la même réflexion il y a quelques jours quand je suis aller faire des photo du nouveau né d’un amie, à la maternité. Si j’avais eu un XE-2 avec le 35mm f/1,4 ou le 56mm f/1,2, j’aurais fait presque que du portrait pur et dur, en jouant sur le bokeh, la douceur et tout. Alors qu’avec le X100s et son 23mm (donc 35en FF ^^) j’ai pu, comme tu dis, inclure bien plus de chose dans le cadre, des choses qui comptent pour le contexte, et je crois que les photos sont plus réussi qu’elles ne l’auraient été au 56 !
Une question, même si je pense connaitre ta réponse: pourquoi ne pas acheter le 23mm à l place du 35 pour le XE-2 ? (« parce que je préfère acheter un X100t qui est à peine plus cher que l’objectif 23mm ^^ »)
Je rends donc à César… 😉
C’est vrai que tant qu’à compléter le 23mm, le 56 est un bon choix radical pour du portrait.
Quant au choix X-E2+23 vs X100t, c’est vrai que l’écart de prix est faible et que l’ouverte f/2 du X100T me suffit pour la photo de rue (d’ailleurs une ouverture à f/1.4 sur un 35mm est-elle vraiment très utile). Il y a aussi l’argument de l’encombrement : le 23 f/1.4 est énorme (aussi gros que le 17-55). Du coup, ce n’est plus vraiment le combo parfait pour être discret et léger dans la rue.
😉
Oui exact, le 23 est énorme (par rapport à celui des X100…) ! C’est d’ailleurs pour cette raison que je garde le X100s pour la photo de rue: aucun objectif actuel ne le remplace ! (le pancake 27mm n’a malheureusement pas la bague d’ouverture, il faut passer par les boutons de l’appareil, ce que je ne souhaite plus faire ^^)
[…] revient sur le plaisir qu’il a à travailler au 50mm. Pas ma focale favorite mais peut-être à […]
Article qui me parle particulièrement, ayant fait exactement le meme cheminement ! (DSLR puis X100 puis X-E2 tout ca pour finir à 95% avec le 35mm). Je dois dire que je me retrouve parfaitement dans la quasi totalité des éléments. J’y ajouterais aussi la compacité et le bonheur d’avoir toujours un appareil qu’on aime et auquel on fait confiance sur soit.
Oui ton dernier argument est sans doute le meilleur, l’appareil qu’on a sur soi.
Bonjour.
Question d’un néophyte pas très au fait de ses histoires d’objectifs. j’ai un Fuji XE1 avec le zoom 18-55mm. Ce qui, si j’ai bien compris correspond à 27-82mm en plein format. Donc pour moi il couvre le 35mm et le 50mm non? A part l’ouverture qui est moindre en zoomant, le cadre est-il le même? Si oui quel intérêt sinon la luminosité et/ou la qualité d’image des focales fixes.
Moi je suis ravi du zoom 18-55 pour la photo de rue que je pratique. Il permet une adaptation maximum aux différentes situations.
PS : Super ton site que je découvre.
Bonjour, merci beaucoup pour ton passage. Je découvre également ton site… plein d’inspiration.
Effectivement, le 18-55 couvre bien le 35 et le 50. La différence avec des objectifs fixes va se jouer au niveau de l’ouverture, du poids, de l’encombrement et de la qualité optique. Car pour faire un zoom, les constructeurs sont obligés d’empiler les lentilles ce qui diminue la qualité optique de l’ensemble et bien sûr fait des objectifs bien plus gros et lourds à ouverture équivalente d’une focale fixe (les 24-70 f/2.8 de Nikon ou Canon sont des monstres pour une ouverture qui n’est pas si grande que cela).
Je vois clairement la différence entre le 18-55 et le 35 f/1.4 au niveau de la qualité (et du poids). C’est aussi une question de philosophie (si on peut dire) : un objectif fixe modifie la façon dont on aborde le sujet. Il oblige à se déplacer, s’approcher… plutôt que de zoomer par réflexe.
Merci pour ta réponse.
[…] Sur mon 35 – Eiffair […]