Que reste-t-il de Naples ? (1/2)

Je ne suis allé à Naples et dans sa région il y a deux ou trois ans. À mon retour, je n’avais pas montré mes images ni écrit mes impressions. Plusieurs mois sont passés et j’avais envie de me replonger dans ces photos pour les confronter à mes souvenirs. En me replongeant dans cette série, c’est aussi l’occasion d’avoir un regard plus détaché sur ces images, la sélection et le traitement que je leur avais réservé.

Je laisse souvent mes photos reposer avant de les traiter. Lorsque je reviens d’une sortie ou d’un voyage, j’ai rarement envie de me jeter sur Lightroom pour les traiter. Développer les photos n’est pas ce que je préfère. Une fois passée l’excitation de la prise de vue, la motivation me quitte et les images restent sur la carte mémoire. Lorsque je reviens d’un voyage, le phénomène est amplifié. Le grand nombre de photos m’oblige à passer par une étape de tri assez fastidieuse. Il faut ensuite traiter les dizaines de photos sélectionnées et cela peut prendre plusieurs heures. Ainsi, le temps passe et il arrive que mes photos de voyage restent dans mon catalogue Lightroom telles quelles, parfois triées et dans le meilleur des cas partiellement traitées.

Allons voir ce qu’il en est pour mes photos de Naples. J’ouvre Lightroom. Les photos sont archivées, car c’était en 2014, et non 2015 comme je le pensais (je ne conserve sur mon Mac que les photos de l’année en cours et de l’année précédente, les années antérieures sont archivées sur le NAS).

Le dossier ‘2014-08 – Naples’ contient 329 photos. Pour deux semaines de séjour, vous pensez certainement que c’est peu. Je ne suis pas un serial shooter. Même en vacances, il peut m’arriver de passer des journées sans photographier, selon l’envie. J’aime parfois profiter des lieux simplement avec mes yeux et ne pas penser photographie 24/24.

Le dossier s’ouvre sur cette photo :

La surprise est de voir qu’elle est marquée d’un drapeau. Cela voudrait dire que je les avais triées. Filtrons sur les images retenues pour évaluer mon choix. Il y a 38 images. D’emblée, j’en vois certaines qui ne méritent pas d’être dans cette sélection. En fait, je crois que je vais devoir refaire mon tri pour vérifier si mes choix sont les mêmes près de trois ans plus tard. Une nouvelle passe de tri m’a fait ajouter une quinzaine d’images. En regardant ces photos, plusieurs réflexions s’imposent sur ma façon de photographier, mais aussi de traiter mes images :

  • Il y a beaucoup trop de photos au format vertical. Ce format, peu pratique pour le web, est de moins en moins produit. Nous sommes de plus en plus formatés à voir des images horizontales. Ces photos en mode portrait me paraissent étranges. Je ne sais pas trop quoi en faire.
  • Il y a encore beaucoup trop de photos du même sujet, comme si j’avais absolument besoin d’assurer. Alors que certains sujets ne méritaient même pas un déclenchement, j’ai mitraillé 5 ou 6 images dont aucune n’a vraiment d’intérêt.
  • J’avais traité une partie de mon premier tri et je dois dire que certaines me font mal aux yeux. C’était l’époque où je découvrais les packs VSCO Film et j’en ai clairement abusé. Autourd’hui je les utilise moins et m’en sers plutôt comme source d’inspiration ou comme base pour un traitement personnalisé. Ici, tout est à reprendre.

Voici quelques exemples d’images que je n’oserais pas montrer ainsi aujourd’hui. Bon, vous n’allez pas y échapper, mais c’est juste pour l’exemple :

Il y a aussi le cas de cette photo du village de Positano, à quelques dizaines de kilomètres de Naples, sur la côte amalfitaine :

Ça pique. Ça pique, mais cette fois-ci, c’est délibéré. Avec cette vue, j’avais envie d’expérimenter un phénomène que j’appellerais le « traitement à clics ». Abonné à 500px, j’avais remarqué il y a quelques années, le goût pour les photos de paysage sur vitaminées. Les contrastes poussés, les images saturées, le curseur de netteté à 100% : voilà les ingrédients qui pouvaient faire d’une image ordinaire une image relativement populaire sur 500px. Mon expérience a pu le démontrer, c’est une de mes images qui a rencontré le plus de succès.

Ce phénomène est un peu moins vrai aujourd’hui sur 500px. D’ailleurs, le système de Pulse n’est plus mis en avant par le site, se contentant d’afficher les coeurs attribués. Les photos les plus populaires me semblent plus variées dans le style et dans la nature des traitements.

J’ai donc retraité toutes les images issues de ce nouveau tri (sans utiliser VSCO cette fois-ci) et élagué encore quelques photos pour avoir une sélection plus légère. Je vous les proposerai dans la deuxième partie, un article sur mes impressions à venir très prochainement.

Fuji ou Canon, c’est décidé !

Trois ans, c’est le temps qu’il m’aura fallu pour sauter le pas : faire la transition complète vers Fuji. En juillet 2014, je listais déjà toutes les bonnes excuses pour conserver mon Canon 5D MkII et les objectifs qui vont avec. Je suis parti plusieurs fois en voyage, jamais je n’ai pris avec moi mon 5D. C’est le Fuji X-E2 qui m’a accompagné partout dans ces escapades. Et pour le quotidien, le X100T est mon fidèle compagnon. Il me suit presque partout et produit les trois quarts de mes images.

Recommencer

Vie_NB

La dernière semaine de décembre est teintée d’une atmosphère particulière. Prendre des congés à cette période est un acte mécanique, mais en réalité ce ne sont pas des vacances comme les autres : une semaine entrecoupée de préparatifs, de visites, de repas, de cadeaux et d’embrassades. Au milieu de toutes ces activités, il y a quelques journées, coincées entre weekend et jours fériés, qui sont un peu comme des samedis en semaine. On hésite à les occuper comme de vrais jours de vacances et elles s’écoulent sans vraiment que l’on s’en aperçoive.

Sur mon 35

Se-Croiser

Depuis un an, je photographie presque exclusivement avec le Fuji X-E2. Même pendant mes escapades d’un week-end ou pour des voyages plus longs, comme ce fut le cas cet été à Naples, il est devenu mon principal appareil. Dans ces situations, le 17–55 est l’objectif parfait. Cependant, assez vite, j’ai complété cet équipement avec une focale fixe : le 35mm f/1.4 (équivalent 50mm en plein format). Il me semblait que c’était le choix parfait, en complément du 23mm (équivalent 35mm) de mon X100. Les grandes qualités de cet objectif, vantées par de nombreux sites, se sont révélées exactes. Les images qu’il produit sont superbes. Mais c’est surtout son encombrement et son poids au regard de l’ouverture qu’il offre qui m’ont convaincu que c’était l’objectif qu’il me fallait pour aller traîner dans les rues.

Le X-E2 s’est révélé bien plus abouti que le X100 tout en offrant un encombrement maitrisé : un autofocus efficace, une mise au point manuelle réellement utilisable et une ergonomie cohérente. Il m’a fait assez vite oublier mon X100. À un détail près. Le 50mm n’est pas ma focale. J’ai insisté (un an) et rien n’y fait. Je ne trouve pas mes marques. Lorsque je mets le viseur a l’œil, je me rends compte trop souvent que je suis trop près de mon sujet. Pour la photo de rue c’est rédhibitoire : pas le temps de reculer, l’occasion est manquée. Il me semble que je n’arrive jamais à inclure tout ce que je voudrais dans le cadre et si je recule l’image me semble plate. Après deux ans de photographie au X100, j’ai soudainement eu l’impression d’utiliser un téléobjectif en passant au 50mm.

J’ai ressorti le X100 ces deux derniers weekends dans les rues de Paris. Je crois que la sortie imminente du X100T et surtout la prise en main que j’en ai faite au salon de la photo, n’y sont pas étrangères. J’ai voulu sentir à nouveau la sensation de plaisir que m’a procuré le X100 pendant de longs mois. Évidemment, les défauts m’ont sauté au visage dès les premiers clichés : la lenteur de l’autofocus, le temps escargotesque de l’enregistrement des RAW sur la carte mémoire sans compter sur la mise au point aléatoire en viseur optique (quoique pour ce point je pense que c’est dû à mon manque de maîtrise de l’effet parallaxe). Mais tout cela mis à part, quel pied ! Je revis, je retrouve la vue. J’ai déjà dit combien j’aime le Fuji X100, je lui ai fait quelques infidélités, mais tel le fils prodigue, je reviens et il me donne encore le plaisir dont chaque photographe peut rêver : tout simplement l’impression d’avoir l’outil idéal, celui qui vous permet d’atteindre vos rêves de photographie.

Avec le X100, les cadrages me paraissent enfin naturels. Bref, j’aime le 35mm et je crois qu’il y a plusieurs raisons à cela :

  • le 35mm offre une vision moins étriquée. En ouvrant le champ, il donne plus d’espace et de respiration à l’image.
  • La composition est forcément influencée par cette ouverture de champ. Tout naturellement, le 35mm incite à inclure autre chose que le sujet principal dans le cadre donnant des images plus riches.
  • Avec le 35mm, l’engagement du photographe dans la scène semble plus fort. Cela peut paraître paradoxal, car à priori, le sujet devrait sembler prendre moins de place dans le cadre. En réalité, c’est le contraire, car le 35mm demande au photographe de s’approcher de son sujet. Et ça se voit. Le léger effet de distorsion que cela entraîne apporte également sa contribution à ce sentiment d’engagement.
  • On dit pourtant que le 50mm est la focale qui se rapproche le plus de la vision humaine. À moins que le port de lunettes fausse ma perception, je vois la vie en 35mm.

J’ose imaginer une Fuji X100 qui aurait les qualités de X-E2. Je crois que cet appareil existe, mais ça, c’est une autre histoire.

Molosse

Balloons

Girl-Dog

Vespas

Primeur

La rue

La-Rue-1

Depuis quelques mois, mes photos de rue se font de plus en plus rares. Évidemment, le manque de temps en ce moment pourrait être une excuse facile… vous avez certainement remarqué que le blog est en semi-sommeil alors que ma newsletter est quant à elle complètement dans le coma. Non, ce n’est pas seulement cela, j’ai même eu l’occasion cet été d’aller arpenter Paris toutes les semaines avec mon appareil. J’aurais dû vous abreuver de photos de personnes prises sur le vif. Mais je n’ai pas réussi. Photographier des gens, s’approcher suffisamment, oser entrer dans leur périmètre de proximité m’est à nouveau impossible. Ce que j’ai pu faire lorsque j’ai commencé à photographier dans la rue il y a quelques années, animé par l’excitation de la nouveauté, semble plus difficile maintenant. Comme si je réalisais enfin à quel point la photographie de rue est un acte intime, un acte qui signifie d’entrer réellement en contact presque physique avec ses modèles. La prise de conscience de cet engagement nécessaire a complètement inhibé mes élans.

Le Colombier

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C’est un simple hameau de quelques maisons agglutinées autour d’une ferme. Au bout de l’unique rue qui sert aussi de cour commune, une bâtisse plus imposante domine le village. Cette massive maison bourgeoise est flanquée d’une petite tour, un colombier. C’est lui qui donne son nom au village.

En arrivant par les petites routes de campagne, habituellement sillonnées par des troupeaux de tracteurs, de moissonneuses-batteuses et autres ensileuses , on pourrait ne rien remarquer. Pourtant, le mot “BUVETTE” écrit en lettres maladroites au fronton d’une des maisons éveille la curiosité par son incongruité. Un parking aménagé le long d’une haie pour quatre ou cinq voitures, pas plus, et surtout, la rosace caractéristique des monuments historiques sur un petit panneau attestent que l’on ne vient pas dans ce coin perdu par hasard. Ce petit village, à quelques kilomètres du lieu de mon enfance vendéenne, est le lieu où repose un illustre Français, Georges Clémenceau.

De Canon à Fuji : le switch

Ce n’était pas qu’une impression. Il me semblait bien que quelque chose se passait. Imperceptible au premier abord, puis de plus en plus évident. J’ai switché. Goodbye Canon, Welcome Fuji !

Réalité d’une image

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Après l’impression d’une image… voici le résultat.

Dix jours se sont écoulés depuis la prise de vue. C’est le temps qui m’est nécessaire pour m’intéresser à nouveau à ce qu’il y a sur mes cartes mémoires. C’est aussi le temps nécessaire pour que l’euphorie du moment soit évanouie, seul le résultat comptera, en toute objectivité.

De dos

dos-2 Il y a des indices qui ne trompent pas sur la qualité d’un photographe de rue. La marque du débutant ou du photographe timide conduit à un type de photos relativement fréquent : les photographies de dos. En cumulant le manque d’expérience et la réserve, je n’échappe pas à cette règle. Oui, après deux ans de pratique irrégulière, on reste un débutant. La photographie de rue exige un exercice quasi quotidien, de l’expérimentation et du culot. En réalité, ce sont des prérequis pour la plupart des types de photographies, mais disons que la photo de rue ne permet pas de faire illusion longtemps.

Accident

Prétendre que chaque photo est réfléchie, planifiée, réalisée avec méthode et juste l’expression de l’intention du photographe me paraît illusoire. Bien souvent un grain de sable se met en travers de la mécanique. Un grain de sable qui peut devenir un grain de sel. Le petit truc en plus qu’on avait pas prévu et qui transforme une photo banale en photo plus intéressante. Un accident heureux. C’est ce qui s’est passé pour cette photo.

Accident-1

J’avais repéré ce mur intéressant et le contraste avec le bleu de la porte. Je cadre et je vois des passants traverser mon viseur, j’hésite, dois-je les inclure ? en plus ils ne sont pas dans le focus, j’hésite.