Une passion raisonnée
Chacun a une pratique de la photographie qui lui est toute personnelle. Je connais des photographes amateurs qui enchaînent les séances, publient chaque jour des photos, s’essayent à tous les sujets et toutes les techniques. Ils sont l’idée même que l’on peut se faire d’un passionné de photo, celui qui vit sa passion en la pratiquant en mode continu.
Economie de production
Pour moi, les choses sont très différentes. Je pratique une photographie très peu productive. En 2012 ma bibliothèque Lightroom affiche au compteur 3123 images dont la moitié sont des images faites pendant les voyages ou les vacances. Forcément, cette économie de production de matériel brut a un conséquence sur le nombre d’images réellement présentables : 25 photos en 2012 (images publiées sur mon compte 500px). Oui en une année je n’ai réellement fait que 25 photos car on peut oublier les 3098 autres qui n’ont été que des essais ratés ou au mieux des photos souvenirs.
Bien sûr on pourra dire que je suis trop sélectif. Je pense qu’on ne l’est jamais assez : diffuser les images de sa dernière séance sous le coup de l’émotion du moment est une erreur que font beaucoup de photographes débutants. Cela finit par noyer leurs bonnes images au milieu d’un magma qui dévalorise leur travail. Pour ces photos du quotidien, un article blog est le meilleur moyen de les montrer. Pour ma part j’utilise également Flickr pour ce genre de photos et réserve 500px ou la section portfolio de mon site pour mon « vrai » portfolio. Un exemple avec cette image :
C’est une photo résultat de tests de post traitement que je n’ai diffusé que sur Flickr. Car même si le résultat me plait bien je n’ai pas jugé qu’elle avait sa place dans mon portfolio. Elle est très différente des images que je fais habituellement et n’aurait mérité d’y figurer que si je développais une série de photos similaires qui formeraient un vrai projet « montrable ».
Economie de pratique
Mon économie de production se manifeste aussi par une économie de pratique. Je peux être deux semaines sans faire une seule image. Et lorsque je fais une sortie, je dépasse rarement les 30 à 40 prises de vue, chaque sujet n’ayant droit qu’à deux ou trois déclenchements au maximum. Enfin, au retour à la maison je ne me jette pas sur ma carte mémoire pour charger, traiter, montrer ce que j’ai pris. En ce moment par exemple, j’ai une série de photos urbaines de nuit qui est dans mon 5DII depuis plus de 10 jours.
En réalité il faut que je sois en condition « d’inspiration » pour prendre des photos mais il faut également que ce même état se manifeste pour que j’ai envie de traiter mes images. Après tout, cela tient de la même démarche globale, la photo n’est pas terminée à la prise de vue et il faut avoir envie d’aller plus loin (être dans les bonnes conditions) pour transformer l’essai photographique en image visible.
Passionné ?
Et pourtant, la photographie tient une place très importante dans ma vie. Il ne se passe pas un jour sans que je pense photo, discute photo, vis photo… Je peux dire que ma passion est une passion raisonnée et économe. Si elle est peu démonstrative, cette passion est quand même là, encrée en moi. Je ne fais d’ailleurs aucun complexe par rapport à cela ou par comparaison au type standard de passionné que je décrivais en introduction. D’ailleurs je ne pense pas que la compétition fasse partie du jeu en photographie.
Au final, je vais certainement passer pour un photographe à la petite semaine. C’est peut être ce que je suis, mais cela m’est complètement égal. C’est le rythme qui me convient et en tant que photographe amateur, rien ne m’oblige à produire toujours plus. Chacun doit vivre sa passion comme il l’entend, il n’y a pas de standard et on ne doit surtout pas subir la pression de l’entourage. L’important est de trouver son rythme, sa voie et peu importe s’il me faut encore 20 ans avant de pouvoir disposer d’un portfolio qui tienne la route. Au quotidien, cette pratique me convient.