Balnéaire, l'hiver

Balnéaire, l'hiver

Les coups de vent répétés des derniers jours ont fini par laver le ciel. Pendant la nuit, les grandes marées ont envoyé leurs paquets de mer sur les plages, abrasives comme du papier de verre, charriant tout un bric-à-brac. La mer s’est retirée discrètement comme une voleuse qui a fracassé la porte et s’éclipse sur la pointe des pieds. Les indices sont là, éparpillés sur le sable, mais tout lui est pardonné. Les quelques promeneurs, réchauffés par le soleil matinal, ont déjà oublié ses méfaits.
C’est une plage, l’hiver. Le ponton déserté étend ses bras vers un horizon pâle. Ses pieds solidement plantés dans le sable dessinent des ombres au charbon.
L’hôtel du bord de mer semble à l’abandon. Son sommeil hivernal lui donne des airs de maison de santé. Les palmiers ne font pas illusion, on est bien en Février.
Je bifurque vers l’intérieur du village. L’animation estivale n’est qu’un vague souvenir. A la place à une douce mélancolie a étendu son voile. Rues désertes. Volets clos. Voitures absentes. Commerces endormis.
La vendéenne, le bigorneau, la caravelle… toutes les villas ont les volets clos, comme des yeux trop longtemps exposés au soleil d’été éblouissant. Elles attendent sagement le retour des rires d’enfants revenant de la plage, des grandes tablées bruyantes où coule le Muscadet, des douces soirées caressées par la brise marine.
Mais pour le moment le village est en pause, une hibernation balnéaire, l’hiver.

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