Fuji X100 - Premières impressions
Après les mois d’attente fébrile qui a suivi son annonce puis la valse-hésitation à la lecture des premiers tests j’ai finalement succombé aux sirènes du Fuji X100. Les deux jours ensoleillés du dernier weekend m’ont donné l’occasion de vérifier si mon investissement, tant économique qu’affectif, était à la hauteur de l’objet. Un premier bilan non définitif des choses qui m’ont enthousiasmées mais aussi agacées.
Première impression
Personne ne peut le contester, le X100 est un appareil au pouvoir de séduction irrésistible pour peu que l’on soit un peu sensible à la mode vintage ou suffisamment vieux pour avoir connu les modèles de référence. La prise en main ne rompt pas le charme : l’appareil est superbement fini, lourd pour ressentir la qualité sans trahir sa mission de compact à emporter partout avec soi. Les matériaux utilisés renforcent l’idée de qualité, les commandes sont ajustées et solides. De plus, elles sont idéalement placées. J’y trouve même plus de confort qu’avec mon 5DMkII avec lequel je tâtonne souvent pour trouver la touche ISO.
Passé ce premier contact plutôt engageant, je me lance dans le manuel que je lis de A à Z. Je pense être une exception mais j’aime bien lire les manuels en entier, c’est pour moi le seul moyen d’être certain de connaître toutes les possibilités d’un appareil.
Des agacements
On a lu quelques critiques sur cet appareil et surtout sur son firmware très perfectible. Bien sûr les menus ne sont pas d’une organisation limpide mais après tout on s’y fait et je ne peux pas dire que celui de mon G10 (que le X100 va remplacer) étaient beaucoup plus ergonomiques. Non, le principal problème rencontré dans la manipulation des menus est la roue de sélection ou plus particulièrement son bouton central OK. Là c’est un peu plus embêtant car il s’agit d’un défaut de conception manifeste. A croire que personne n’a utilisé l’appareil avant de le lâcher aux clients : je n’ai pas particulièrement des gros doigts mais réussir à appuyer sur le bouton OK sans faire tourner la roue – et donc sélectionner une autre option que celle voulue – relève de l’exploit. On peut toujours essayer de sélectionner avec le coin de l’ongle mais je ne donne pas cher de la durée de vie du revêtement du bouton. Il aurait simplement suffit de faire un bouton un peu plus rebondi, d’ailleurs je me demande si je ne vais pas essayer de coller un petit tampon en plastique transparent (du style de ceux que l’ont trouve sous les souris).
Dans le même ordre d’idée on pourra regretter la sous-utilisation de la multitude de commandes et de boutons disponibles sur l’appareil. On peut prendre comme exemple le petit sélecteur au dessus de la roue qui n’est pas vraiment utile dans la plupart des cas : pourquoi ne pas pouvoir le paramétrer et lui affecter par exemple la sélection directe des ISO. Là encore on attend des améliorations avec des évolutions du firmware.
Le deuxième grief que je pourrais faire concerne l’autofocus. Il est plutôt rapide et je pense même plus rapide que celui du G10 dans des conditions de lumière correcte. Les choses se gâtent lorsque la lumière vient à manquer et deviennent assez délicates pour les sujets rapprochés, la plage de mise au point en mode standard étant de 80cm à l’infini. En cela il n’est pas très différent de la plupart des compacts mais il est vrai que la présence du viseur à tendance à faire oublier que l’on n’a pas un reflex entre les mains. Heureusement, la lecture complète du manuel et un petit tour sur les forums donnent des solutions et permettent de trouver ses marques après un peu de pratique. Quelques règles :
- En dessous de 80cm il est conseillé de passer au viseur électronique (EVF), le viseur optique (OVF) présentant un parallaxe trop important pour assurer que la mise au point se fasse au bon endroit. Ce problème est en principe atténué avec le firmware 1.1 qui permet de visualiser le décalage du point AF.
- Le mieux est donc de passer en mode Macro pour les sujets proches (plage de 10cm à 2m), ce qui bascule automatiquement sur l’EVF. La manip est assez facile : deux clics sur la gauche de la roue sans obligation de confirmer par un OK (ce que j’ai mis du temps à comprendre, d’où mon énervement sur cette fichue touche OK). Cela peut être assez déroutant au départ de devoir passer en mode macro aussi souvent. En effet avec un 35 mm dès que l’on veut faire un portrait un peu serré on est en dessous de ces fameux 80cm. Certains diront que le X100 n’est pas fait pour le portrait vu sa focale et pourtant il serait dommage de ne pas profiter de sa qualité d’image dans ce domaine aussi.
- Une autre possibilité plus intéressante est de basculer en mode focus manuel (MF sur le côté de l’appareil). Il suffit alors d’appuyer sur la touche AFL/AEL pour faire la mise au point AF, point qui pourra être retouché si nécessaire via la bague de l’objectif. C’est la méthode que j’utilise le plus souvent même si l’autofocus me paraît plus lent qu’en mode AF.
Au final je dirais que ces défauts de jeunesse sont aisément contournables et ne nuisent pas à l’utilisation globale de l’appareil qui reste un outil très agréable et réactif. Oui réactif, car je n’ai pas constaté les ralentissements ressentis par certains utilisateurs : une carte rapide est la solution apparemment (classe 6 minimum). De la même manière on oublie assez vite la relative complexité des options : une fois ses choix de réglages effectués, on n’a plus qu’à se concentrer sur la prise de vue en bénéficiant de l’excellente ergonomie des commandes directement accessibles pour les principaux paramètres. Les petits agacements du débutant passés, le X100 n’offre alors que du bon.
Plein de qualités
Son viseur hybride est une vraie réussite. Le viseur optique est lumineux, l’affichage des informations « façon reflex » est un vrai plus. Le viseur électronique n’est pas en reste et se révèle particulièrement utile pour les ambiances sombres ou la mise au point manuelle avec loupe. A noter également que l’affichage de l’image prise se fait directement dans le viseur, pas besoin de quitter son oeil du viseur pour le déclenchement suivant.
Le déclenchement est très agréable et dans un silence absolu au point que j’ai laissé pour le moment le « faux » son de déclenchement histoire d’être sûr que la photo est prise.
Les options de paramétrage sont nombreuses et plutôt bien vues, si on fait abstraction du fouillis des menus. En particulier le mode ISO auto, bien implémenté, et que j’utilise par défaut (seuil à 1/60s et maximum à 3200 ISO). Il est alors possible de choisir l’ISO préféré via le bouton Fn, c’est cette valeur d’ISO qui sera utilisée sauf si les conditions exigent de passer sous les 1/60, auquel cas l’ISO sera augmenté sans dépasser 3200. C’est très efficace, dommage que la sélection du mode ISO auto ne soit possible que dans les menus et non via la sélection des valeurs d’ISO (bouton Fn). La dernière mise à jour du firmware (1.10) à néanmoins donné la possibilité d’accès rapide en maintenant la touche Fn enfoncée 3 secondes.
Les images produites sont d’une excellente qualité et c’est à mon sens ce qui fait le succès de l’appareil et compense largement ses petits défauts de conception. On atteint avec ce compact la qualité de beaucoup de reflex.L a dynamique est bien gérée et le bruit parfaitement maîtrisé jusqu’à 3200 ISO. J’ai pu le vérifier lors d’une soirée en famille en intérieur ce qui autorise la prise de vue sans flash avec un résultat naturel et très peu bruité. La mesure de l’exposition me paraît vraiment fiable, je n’ai pas pu constater les anomalies que certains utilisateurs ont pu signaler.
La pleine ouverture permet de faire des images avec un fond flou très agréable, la profondeur de champ étant matérialisée par une échelle dans le viseur ou directement visible en EVF.
Alors que j’avais l’habitude de ne shooter qu’en RAW, j’avoue que la qualité des JPEG du X100 m’a bluffé. Au point que je n’utilise que ce mode, le RAW étant toujours activable via une touche au coup par coup. Les modes de simulation de film sont parfois un peu poussés (le Velvia est hyper saturé) mais le Sensa donne des résultats flatteurs sans être dans l’excès.
Du plaisir
Au final c’est surtout du plaisir qu’apporte le X100. Cela commence par le plaisir d’avoir en main un bel objet. Puis vient le plaisir de faire des photos, grâce à ses nombreuses commandes directement accessibles et surtout son viseur. Enfin vient le plaisir et la satisfaction en regardant les résultats en image.
Du coup tout le plaisir de photographier a totalement éclipsé les appréhensions que j’avais avant l’achat. La majorité des griefs qui ont été faits à cet appareil ne mettent pas en cause son utilisation au quotidien et les quelques bizarreries qui peuvent encore rester pourront être corrigées par mise à jour du firmware.
On dit que ce n’est pas l’appareil qui fait le photographe. Je suis complètement d’accord mais un appareil peut être source d’inspiration et susciter l’envie de faire des photos. C’est le cas pour moi avec ce X100 : il me donne envie de l’emmener partout et surtout de photographier. Et c’est bien cela l’essentiel.
Pour finir, voici un échantillon des premières images. Désolé, rien à 3200ISO car mes photos ont toutes des visages, je vais essayer d’en publier des plus anonymes dans un prochain billet.