La panne

Un mois sans article. Pas une phrase, pas un mot. La panne. J’en vois déjà qui nient mais je le sais : ça arrive à tout le monde hein ? Ce n’est même pas un manque d’inspiration, les idées d’articles s’accumulent au gré de mes lectures ou de mes échanges sur twitter. Il arrive simplement que l’on ait juste perdu l’envie d’écrire. Car écrire même un blog sans aucune prétention littéraire fonctionne avec les mêmes ressorts que tous les autres types d’écritures dits « plus nobles ». Cela implique d’être en condition de motivation et d’envie…

C’est se mettre dans un état de concentration extrême qui monopolise toute l’attention en se coupant pendant quelques minutes ou quelques heures de tout ce qui nous entoure. Cet état a d’ailleurs un nom scientifique, flow ou état de flux. Pour ceux que cela intéresse je vous recommande le livre de Mihaly Csikszentmihalyi, Vivre : la psychologie du bonheur car cet état d’immersion totale serait aussi la source du bonheur, rien que ça !

Et lorsque l’on photographie c’est exactement la même chose, ce n’est réellement possible que si les conditions psychologiques sont réunies pour arriver à l’envie et au plaisir de photographier. D’ailleurs mon manque de motivation s’est aussi reporté sur mes sorties photos : très peu de clichés depuis un mois même si je persiste à sortir systématiquement avec un appareil.

Mais cela ne veut pas dire qu’il faut rester inactif. Dans ces moments « off » il faut en profiter pour faire d’autres activités. Pourquoi ne pas se pencher sur sa to-do list et trouver un sujet qui convient mieux à l’humeur du moment. Quelque chose qui demande peut être moins d’implication, quelque chose de nouveau que l’on va donc trouver ludique. C’est ce que j’ai fait depuis ces quelques jours : je prépare mon premier livre Blurb. Il est quasiment terminé et cette première expérience devrait logiquement alimenter ce blog dans les prochains jours.

Et puis il faut être patient car la panne n’est jamais définitive. Tôt ou tard, sans s’en apercevoir, l’envie revient. Cela peut être progressif mais bien souvent cela se déclenche d’un coup, sans qu’on ait pu le voir venir ; Ca s’est passé samedi dernier à 18:46. Je traînais depuis le début d’après-midi dans paris, mon X100 à la main et l’inspiration en berne. J’avais dû faire 7 déclenchements, des photos sans saveur qui vont certainement passer à la corbeille du Mac. Et puis il a suffit d’une opportunité pour relancer complètement la machine. Cette opportunité c’est la photo qui suit : une dame accroupie avec ses paquets, attendant je ne sais qui ou quoi, son chien à ses côtés. Je m’approche discrètement voulant prendre en photo les deux silhouettes de dos et m’accroupis pour être à sa hauteur. Je ne sais par quel miracle elle a senti ma présente (il faut dire que je devais être 2 mètres derrière) et s’est retournée au moment où je m’apprêtais à appuyer sur le déclencheur. J’ai pris mon temps alors qu’elle me regardait, déclenché et me suis levé en lui souriant. Un sourire pour lui dire merci de s’est laissée photographier mais surtout merci de m’avoir offert ce cliché.

D’accord ce n’est pas la photo du siècle mais en tant que débutant en street photo, cela se rapproche assez du type de photo que je cherche à faire. Au-delà de la valeur de la photo, c’est surtout l’instant qui m’a donné ce coup d’adrénaline, cette nouvelle impulsion et cette envie renouvelée de photographier.

Etre patient…et au détour d’une rue – littéralement – la panne peut disparaître.