Le Colombier

Le Colombier
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C’est un simple hameau de quelques maisons agglutinées autour d’une ferme. Au bout de l’unique rue qui sert aussi de cour commune, une bâtisse plus imposante domine le village. Cette massive maison bourgeoise est flanquée d’une petite tour, un colombier. C’est lui qui donne son nom au village.

En arrivant par les petites routes de campagne, habituellement sillonnées par des troupeaux de tracteurs, de moissonneuses-batteuses et autres ensileuses , on pourrait ne rien remarquer. Pourtant, le mot “BUVETTE” écrit en lettres maladroites au fronton d’une des maisons éveille la curiosité par son incongruité. Un parking aménagé le long d’une haie pour quatre ou cinq voitures, pas plus, et surtout, la rosace caractéristique des monuments historiques sur un petit panneau attestent que l’on ne vient pas dans ce coin perdu par hasard. Ce petit village, à quelques kilomètres du lieu de mon enfance vendéenne, est le lieu où repose un illustre Français, Georges Clémenceau.

En ce samedi matin d’automne, je suis le seul visiteur. La brume a recouvert la végétation d’une pellicule brillante et exhalé le parfum de feuilles mortes et d’herbe mouillée. J’entends les coups du bétail qui s’agite dans l’étable voisine. L’odeur des vaches me rappelle mon enfance, ma madeleine de Proust.

Un modeste panneau raconte l’histoire du lieu, comment les dernières volontés de Georges Clemenceau l’ont amené ici, auprès de son père. On y lit ses souhaits quant à la préservation du lieu au plus proche de sa nature originelle. On y entre par une simple barrière en bois qu’on ouvre en actionnant la gâche, un peu comme celles que l’on trouve à l’entrée d’un potager.

Un chemin de petits cailloux mène à gauche sur la praire plantée d’arbres. Là où se trouve la statue de la déesse Athéna. À droite, le sentier mène à une seconde barrière puis aux tombes en contrebas du coteau. Deux simples grilles montées sur des plots en ciment délimitent l’emplacement des deux inhumations : près du cèdre immense, le père. À gauche, le fils Georges. Il n’y a pas de plaque, pas de nom, pas de fleurs. Juste quelques épines du conifère. Le sentier s’arrête là, au milieu du bois qui couvre la pente jusqu’à la rivière. On devine au travers des feuillages épars, les prairies qui couvrent les collines de l’autre versant.

Le chant des oiseaux, les craquements des branches, l’aboiement lointain d’un chien et le clapotis de la rivière. C’est tout. Je crois que c’est exactement ce que souhaitait Clémenceau : le lieu est resté modeste, paisible et vierge.

 

Toutes les images ont été réalisées avec un Fuji X-E2, traitées à l’aide du pack VSCOfilm 06.
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