Séries surprises
Alors que je n’ai jamais été un grand consommateur de séries, génération oblige, l’arrivée de Netflix à la maison il y a deux ou trois ans a complètement transformé ma consommation – comme dans beaucoup de foyer j’ai bien l’impression. Après avoir éclusé les incontournables (Breaking Bad, Bates Motel, Orange is the New Black, The Walking Dead, Peaky Blinders, Bates Motel, GOT, etc, etc.) arrive le moment où on essaie d’explorer d’autres pistes, d’autres genres, d’autres ambiances. Ce sont ces explorations qui font émerger les meilleures surprises. Deux séries viennent de confirmer, avec leur deuxième saison, l’émotion qu’elles m’avaient données à leur sortie. Je veux parler de Sex Education (Netflix) et Fleabag (Amazon Prime).
Si vous vous attachez uniquement aux bandes annonces, elles semblent traiter d’un seul et même sujet, le sexe. En réalité, ce n’est qu’un alibi, le support à des histoires bien plus profondes (!) : comment chacun essaie de se débrouiller dans la vie, avec ses petits et ses grands problèmes, ses difficultés à gérer ses relations avec l’autre, qu’il soit ami, amour ou amant.
Les deux séries sont pourtant très différentes dans la forme, bien que la touche britannique tendrait à les rapprocher. Elles ne s’adressent a priori pas à la même audience. Sex Education serait une série pour ados, Fleabag, par son propos plus direct, plutôt pour les adultes. Au fil des épisodes elles opèrent pourtant toutes les deux un même effet : le charme. On tombe littéralement sous le charme des personnages, des situations drôles et touchantes, des rapports humains qui s’y nouent. Je n’ai pas peur de le dire, ce sont deux séries que l’on peut mettre dans la catégorie « feel good » et je ne considère pas cela comme un jugement péjoratif. Elles démontrent qu’une série n’a pas besoin de manipulateurs, de traitres et de sang pour être intéressantes. Elles font du bien sans jamais tomber dans la facilité, le pathos ou le gentillet.
J’ai adoré comment le personnage de Fleabag, pas si sympathique que cela au début de la saison, fini par emporter notre coeur par ses doutes, ses errements et toute son humanité. Sans parler du génie de son auteur-interprète, la justement multi-récompensée Phoebe Waller-Bridge. Chacune des deux saisons vous laisse une empreinte qui vous tient quelques temps : une sorte de mélancolie heureuse.
Cette mélancolie, on la retrouve dans Sex Education, tellement chacun des personnages est attachant. On finit avec l’impression de laisser des gens que l’on connaît, un peu triste de devoir attendre un an pour les revoir dans son salon. On se prend même à croire qu’ils continuent à vivre leurs aventures pendant cette absence, et on aimerait bien savoir ce qu’ils font et s’ils s’en sortent.
Et cela, c’est le tour de force de ces deux séries, quelque chose que je n’ai ressenti dans aucune autre, l’impression d’avoir un peu vécu ces aventures avec des gens sympas.